12 LES ÉVANGILES.
Ces retouches, ces remaniements, ces additions ont eu pour auteurs en différents lieux à la fois des plumes anonymes, mais les différences et les variations se sont peu à peu fondues dans trois types plus généralement adoptés et popularisés dans trois centres apostoliques, sous l’influence des Apôtres et des disciples dont ils portent le nom, influence qui survivait à ces apôtres dans les églises où ils avaient principalement évangélisé.
Le système d’Eichhorn trouva de nombreux adhérents en Allemagne, mais en même temps de nombreux contradicteurs. Les objections s’offraient d’elles-mêmes.
Si l’Evangile primitif qu’Eichhorn suppose émané d’une main apostolique avait existé, la tradition chrétienne l’aurait connu. Les Eglises primitives l’eussent fidèlement conservé ; cependant la tradition se tait ; et cet évangile si précieux, source de nos trois Evangiles canoniques, a complètement disparu sans laisser aucune trace. On prétend qu’il existe encore, fondu dans les synoptiques. Ceci n’explique point sa disparition : la copie ne détruit pas l’original ; et les histoires, rédigées d’après les documents primitifs, ne font que donner à ces derniers une notoriété qui aide à leur conservation. Chaque jour, les historiens de Jésus fondent les quatre Evangiles dans les récits de sa vie ; et cependant nul n’est tenté de sacrifier les textes sacrés en faveur de récits plus modernes. La coexistence de l’Evangile primitif, pur de toute légende, eût discrédité les Evangiles postérieurs, chargés d’additions sans autorité, fruits de l’invention et de l’intempérance du zèle.