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NEUVIÈME LEÇON. 174

frayés de votre tâche ? Seriez-vous sûrs de nous bien dire l’histoire détaillée de la fin tragique de tel personnage célèbre à l’époque de la terreur ? Rien n’est mieux connu que la captivité et le procès de Louis XVI et de Marie-Antoinette ! Pourriez-vous nous nommer les magistrats, les juges de ces victimes augustes de la Révolution, faire l’histoire de la marche de la procédure, faire déposer les témoins ? Beaucoup déclineraient assurément une pareille tâche.

Cependant, Messieurs, je suis en présence d’un auditoire intelligent et instruit ; je parle à des hommes qui ne sont étrangers à rien de ce qui intéresse leur pays. Si, au lieu de m’adresser à vous, je demandais la même chose à des paysans, des pêcheurs, des bateliers de la Seine, des douaniers de Bercy, je proposerais une tâche bien autrement difficile. Que de choses étranges nous pourrions entendre ! Que d’anachronismes, de souvenirs trompeurs, de faits confondus ! Et cependant le procès criminel de Marie-Antoinette et de Louis XVI, leur captivité, leur mort ont ému un public bien plus considérable, ont eu, au moment où les faits se sont accomplis, bien plus de retentissement que l’histoire de Jésus. Si donc, Messieurs, les Evangiles ont été rédigés par des ignorants mal informés, s’ils n’ont été écrits qu’un siècle après les événements, par des hommes qui n’avaient pour se guider que des souvenirs à demi-effacés, si surtout les auteurs des Evangiles se sont placés sur le terrain de la légende et des inventions populaires, je le déclare sans