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170 LES ÉVANGILES.

Evangiles, au second siècle, c’est que la période de temps où s’accomplirent les faits évangéliques est une époque de révolutions fréquentes et de changements continuels dans le gouvernement, les institutions et les hommes dépositaires du pouvoir.

Les méprises sont faciles quand on entreprend de représenter et de peindre à une époque donnée une nation qui a vécu sous des régimes divers et subi la transformation qu’amènent les révolutions. Comme la scène et les décorations ont changé plusieurs fois, comme l’état de la veille n’est plus celui du lendemain, comme les acteurs, leur langage, les passions ont plusieurs fois varié, rien n’est plus facile pour l’écrivain, s’il n’a pas été le contemporain et le témoin attentif de ce qu’il raconte, que de commettre des anachronismes et des confusions. J’en appelle ici à votre expérience. Vous rappelez-vous assez exactement, en ce moment, l’état de la Bretagne, par exemple, avant 1789, pour tracer un portrait fidèle de tel membre important des Etats provinciaux de cette époque ou de tel conseiller célèbre du parlement de Paris ? Pourriez-vous, en écrivant l’histoire de leur vie, entrer aisément dans les détails intimes, leur créer des relations et des habitudes vraisemblables ? Si l’on vous disait de raconter à l’aide de votre seule mémoire, sans le secours des livres, la suite des événements qui se sont accomplis en France depuis 1789, de définir les diverses constitutions, la date, et les noms de tant d’hommes importants alors et presque oubliés aujourd’hui , ne seriez-vous point un peu ef¬