Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/17

Cette page n’a pas encore été corrigée

PREMIÈRE LEÇON. 11

constances merveilleuses que nul n’a pu contrôler et n’a voulu soupçonner. L’admiration pour Jésus, le zèle de ses disciples, le besoin de le justifier, de le défendre et de grossir le nombre de ses adeptes, tout cela a concouru à l’élaboration de l’histoire surfaite et embellie du Christ. Ce principe soulevait des objections et des difficultés. Comment supposer qu’au second siècle, par exemple, ou à la fin du premier, les chrétiens se soient accordés à admettre tout à coup quatre évangiles, attribués soit aux Apôtres, soit à leurs disciples immédiats, évangiles dont personne n’avait entendu parler jusque-là ? On savait alors beaucoup mieux qu’aujourd’hui où et comment les Apôtres avaient vécu ; on connaissait les détails de leur vie, leurs actes et leurs paroles : comment aurait-on ignoré qu’ils eussent écrit des livres nécessairement importants, que tout le monde se serait disputés dès leur apparition ? Cette supposition était-elle admissible ? Eichhorn admet que dès les temps apostoliques il existait en effet des écrits émanés de la plume des disciples du Christ ; et parmi ces écrits il en distingue un principal, source des trois premiers évangiles canoniques connus sous le nom de synoptiques. Il appelait cet évangile principal Ur-evangelium, l’évangile-source. C’est avec lui que nos trois évangiles ont été en partie composés. L'Ur-evangelium a été modifié, transformé, augmenté, embelli. Le zèle y a ajouté tout ce qui se disait alors dans les foules crédules. On a fait par piété entrer dans son cadre toutes les exagérations capables de glorifier le Maître bien-aimé.