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HUITIÈME LEÇON. 163

les incrédules. On peut leur dire, le Nouveau Testament à la main : « Vous niez les miracles ; eh bien ! voilà un témoignage des contemporains publié devant les contemporains des faits que vous voulez écarter : ces prodiges n’ont point été contredits, alors que le démenti, si les faits eussent été faux, était si facile et si péremptoire. »

En troisième lieu, la mémoire des apôtres et des premiers chrétiens, vivement frappée par ce qu’ils avaient entendu et ce qu’ils avaient vu, ne pouvait rien oublier des faits considérables de la vie de Jésus et de ses enseignements. La primitive Eglise, surtout en Palestine, savait les noms des lieux, les dates, le caractère local, la couleur, pour ainsi dire, des événements et des choses ; mais ces accessoires non essentiels au christianisme auraient pu se perdre. Dieu a voulu que les apôtres ou leurs disciples immédiats missent en écrit une partie de ces accessoires du dogme et de la vie de Jésus. Je dis une partie, car on ne saurait trop le répéter, les Evangiles n’ont point tout recueilli 1.

1 Voici ce que pensent à ce sujet les protestants modernes qui ont su se soustraire aux fausses idées de Luther et de Calvin à cet égard. Selon M. Reuss, la richesse de la tradition orale et l’abondance des matériaux mis en circulation par elle n’ont point été épuisées par les écrits évangéliques. On y a puisé non-seulement avec réserve, mais même avec parcimonie. « Au lieu, dit-il, d’écrire les circonstances dans lesquelles telle sentence, tel discours ont été prononcés, les évangélistes ont rapporté isolément ces sentences et ces discours. Si on les étudie seulement dans les Evangiles et par les Evangiles, on trouve qu’ils sont obscurs et insuffisants. » M. Reuss cite pour exemple les passages suivants : Matth., XVIII, 1 et seqq. ; Luc, V, 39 ; XI, 24, 33, 34 ; XVI, 10.

« On ne peut guère, dit encore M. Reuss, juger des richesses de la tradition orale primitive par les écrits du Nouveau Testament ; ils en sont les échos