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HUITIÈME LEÇON. 161

lier qu’ils en retireraient. Saint Matthieu n’écrivit en apparence que pour eux et par condescendance au désir des Eglises particulières qu’il dirigeait. La preuve, c’est qu’il composa son évangile en araméen, dans le dialecte syro-chaldéen inconnu au reste de la Syrie et à l’Asie-Mineure. En réalité, comme nous le verrons plus loin, son évangile devait avoir une bien autre portée, mais au moment ou il parut et dans la première pensée de saint Matthieu, cet évangile ne parait pas avoir eu d’autre but. Saint Marc vivait auprès de saint Pierre, à Rome, où il lui servait d’interprète. Les Romains qui n’entendaient jamais autant qu’ils l’eussent souhaité le chef révéré du collège apostolique, prièrent saint Marc d’écrire quelque chose des prédications de saint Pierre. Saint Marc condescendit à ce pieux désir. Saint Pierre voulut d’abord rester étranger à cette rédaction, suivant Clément d’Alexandrie, et ce fut seulement lorsque l’œuvre fut achevée qu’il l’approuva et la recommanda.

Saint Luc écrivit son évangile pour l’instruction de son cher Théophile. Saint Jean devenu vieux et attristé par la prévision des troubles que devaient engendrer après sa mort les erreurs des Ebionites et des premiers gnostiques, voulut laisser un livre destiné à les combattre. Il écrivit son évangile pour défendre et affirmer solennellement la divinité de Jésus-Christ, égal à son Père et consubstantiel avec lui. Le but spécial qu’il se proposa est évident dès la première parole : In principio erat Verbum.