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HUITIÈME LEÇON. 159

Ainsi, Messieurs, ne l’oubliez jamais, le christianisme c’est l’Eglise, l’Eglise fondée sur Pierre, l’Eglise hiérarchique, l’Eglise ayant à sa tête le successeur de Pierre et un corps de pasteurs, juge des controverses, et siège du gouvernement ecclésiastique.

Mais, Messieurs, n’ai-je point trop réduit à vos yeux l’importance de nos saints évangiles ? N’allez-vous pas en emporter une idée trop déprimée et peut-être inexacte ? Pour vous éviter cette méprise, permettez-moi de vous dire encore une fois ce que les Evangiles sont dans l’Eglise. Je ne prétends pas certes que les Evangiles soient inutiles. J’ai voulu seulement vous montrer que l’Eglise a existé sans eux, avant eux, et que, par conséquent, le système protestant a tort d’en faire la base essentielle de l’Eglise. Que sont les Evangiles ? — Ils sont, Messieurs, le plus beau don que Jésus-Christ ait fait à la terre, après celui de sa grâce et les promesses de son assistance spéciale. Il est très-vrai de dire que l’Eglise était primitivement constituée de telle sorte qu’elle pouvait se fonder, s’étendre,se conserver sans les Evangiles ; mais néanmoins, Dieu ne s’est pas contenté de donner à l’homme qu’il venait sauver le strict nécessaire, il lui a de plus accordé le surabondant : ubi abundavit peccatum, superabundavit gratta. C’est là le caractère de la belle œuvre de l’Eglise en général, et le principe qu’il convient de rappeler en appréciant les Evangiles. Dieu permit et voulut que l’Eglise fût dotée du riche présent des livres du Nouveau Testament, mais ce don devait être postérieur à la fondation de l’Eglise