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458 LES ÉVANGILES.

diplômes. Il y a eu des traditionalistes qui, dans leur vie, ont délivré plus de soixante-dix mille diplômes ; et nous, Européens, dont la mémoire est distraite et affaiblie par la multiplicité de nos lectures rapides, nous pouvons à peine concevoir la facilité de pareils efforts, faits et accomplis par un si grand nombre d’élèves. » Mais sans aller si loin et sans sortir de notre temps, dans nos provinces restées très-chrétiennes, en Bretagne par exemple, combien de paysans qui gardent toute la religion dans la mémoire : catéchisme, prières, dogme, morale, sacrements, etc. On apprenait jadis la religion, comme nos paysans qui ne savent pas lire apprennent encore leurs prières et le catéchisme. Autrefois les vieillards savaient encore par cœur le catéchisme de leur diocèse.

Néanmoins, Messieurs, nous ne voulons rien exagérer, les traditions orales furent sans aucun doute fixées par l’Ecriture de très-bonne heure dans l’Eglise primitive. Il semble toutefois que ce furent les particuliers, les simples fidèles, qui, suivant leurs besoins, remplirent cet office. Mais ces traditions écrites ne constituaient point l’Ecriture sainte. Il est probable que ce ne fut qu’après ces essais tentés par des fidèles sans autorité que saint Matthieu et saint Marc rédigèrent leurs évangiles. Saint Luc, on le sait, voulut substituer un récit mieux ordonné et plus authentique à des récits moins parfaits. Mais ce que l’on sait de ces trois évangiles, et nous le dirons plus tard, montre qu’ils ne furent d’abord considérés que comme des accessoires utiles à l’enseignement, mais non pas comme sa base essentielle.