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HUITIÈME LEÇON. 149

Les clefs, voilà, chez les Hébreux, le symbole de l’autorité. Ecoutez le célèbre exégète Jahn : « Les clefs étaient un symbole de puissance propre aux princes et aux rois. Soit qu’elles fussent de métal pur, ou ornées d’ivoire, le maître de la maison ou son dispensateur s’en parait comme du signe de sa charge, et les portait sur son épaule. Isaïe (XXII, 22), en parlant d’Eliacim, fils du grand prêtre Héli, dit : « Je placerai la clef de la maison de David sur son épaule ; il ouvrira et personne n’osera fermer ; il fermera et personne n’osera ouvrir. »

Salvador lui-même a écrit ce qui suit :

« D’abord, au sujet du nom et des clefs de Pierre, à qui les trois listes des Apôtres rapportées par les Evangiles accordent toujours le premier rang... l’attribution qui lui fut faite par Jésus du nom syriaque képhas, signifiant pierre, répondait à une double métaphore : à la fermeté de son âme que le langage poétique de nos jours aurait comparée dans le même esprit, à un rocher ; et à cette circonstance qu’en se présentant au Maître de Nazareth, comme son premier défenseur, puis en confessant le premier sa qualité de Christ, il avait mérité de passer pour la pierre fondamentale de l’édifice de Jésus et d’être chargé des clefs symboliques. Dans le nouvel ordre d’idées, la signification ajoutée à ces clefs comportait non-seulement le droit d’approuver ou de désapprouver ce qu’il fallait faire ou ne pas faire, mais le droit d’ouvrir et de fermer du même coup aux prosélytes et aux disciples, selon l’exigence des cas, les pertes actuelles de l’association et le