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PREMIÈRE LEÇON. 9

moderne. Voici comment un de ses disciples interprétait le miracle de Cana. Le Christ, invité aux noces, s’aperçut tout de suite qu’il avait autour de lui des convives d’une tempérance suspecte. Les coupes circulaient et s’épuisaient vite. Les prévisions du maître de la maison devaient être trompées. Le vin ferait bientôt défaut. L’insuffisance du liquide enchanteur des festins allait accuser l’intempérance des convives ou la parcimonie du maître. Jésus dit donc à un serviteur discret : " N’épuisez pas entièrement les amphores ; et, quand elles seront à moitié vides, mettez-les à l’écart comme si elles étaient tout à fait taries. » La mère de Jésus avait observé cette sage prévoyance de son Fils. On était au moment où la dernière urne était attaquée : " Mon Fils, dit Marie, ils n’ont plus de vin. » Jésus, craignant d’être découvert par sa mère, lui parla sévèrement : « Quid tibi et mihi est, mulier ?» Le Christ commanda alors par une nouvelle et sage précaution de remplir les urnes d’eau. Les convives surpris, et déjà sans doute moins sûrs dans leurs jugements, trouvèrent le nouveau vin meilleur que le premier. Pour passer du premier miracle de Jésus au dernier, et vous donner un nouveau spécimen de la méthode de Semler, je vous dirai que son école prétendait que le Christ n’est point mort sur la croix, mais qu’il s’y est seulement endormi. Les soldats, voyant les souffrances du Christ, lui présentèrent une éponge imbibée d’un narcotique si puissant qu’immédiatement le patient tomba dans une léthargie profonde.