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140 LES ÉVANGILES.

un véritable code ; ce code divin et cette charte se trouvent non dans le Nouveau, mais dans l’Ancien Testament. C’est la législation mosaïque contenue principalement dans le Lévitique et le Deutéronome. Voilà une charte, voilà véritablement un code. Il règle successivement et avec méthode, par des prescriptions formulées à la manière de toute loi, ce qui concerne les croyances, la morale, les cérémonies, le droit civil et criminel, etc. On voit que Moïse veut être aussi complet que possible. Mais, Messieurs, l’Evangile présente-t-il cet aspect ? Evidemment non.

Ajoutons que lors même que le Nouveau Testament formerait une charte, un code complet, cela ne suffirait pas pour le transformer en un juge suffisant par lui-même à régler la foi, les mœurs, le culte, la discipline. Un juge ne peut être une lettre morte. Celle-ci ne peut ni s’expliquer ni se défendre elle-même. Tantôt on contestera le sens d’un texte, tantôt on niera la légitimité de son application aux circonstances. N’est-ce pas souvent d’ailleurs le texte même du Nouveau Testament qui fait, dans les sociétés chrétiennes, l’objet du litige ; et, dans le système protestant, n’est-ce pas le juge qui est jugé ? De là la nécessité des tribunaux placés auprès de la lettre morte des lois, un tribunal qui les explique et les applique. Il en est de même à l’égard du Nouveau Testament. Ce n’est pas un code, mais alors même qu’il en serait ainsi, le Nouveau Testament ne serait pas tout, il faudrait auprès de lui le tribunal de l’Eglise enseignante.