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SEPTIÈME LEÇON.

l’écrit principalement que pour réfuter les gnostiques et pour combler une lacune laissée probablement à dessein par les synoptiques, à savoir l’absence d’un grand nombre de faits considérables qui avaient eu lieu en Judée dans les dernières années de la vie de Notre-Seigneur. J’ai insisté à dessein sur des faits que certains critiques de nos jours oublient trop lorsqu’ils entreprennent témérairement d’expliquer les Evangiles ; mais mon dessein particulier était de vous montrer que ceux-ci, parce qu’ils ont été écrits en vue de nécessités particulières, dans des circonstances presque fortuites, au milieu de la gêne et de la crainte, ne sont pas, ne peuvent être complets. Dès lors peuvent-ils être regardés comme le code suffisant et la charte proprement dite des chrétiens ? Non, évidemment.

Il suffit d’ailleurs de jeter les yeux sur le Nouveau Testament pour se convaincre qu’il ne ressemble ni à un code ni à une charte. Nous savons tous ce que sont ces monuments qui règlent la constitution d’un peuple, les conditions politiques et civiles des nations et des sociétés. Ces documents ont une rédaction qui correspond à leur importance : tout est rangé par ordre, tout est défini, tout est prévu et expliqué. Ils se composent d’une suite d’articles disposés méthodiquement, rédigés avec un soin scrupuleux des termes ; ils sont précédés de considérants et accompagnés de définitions.

Je vous le demande, le Nouveau Testament satisfait-il à ces conditions ? Il y a dans la Bible une véritable charte,