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SEPTIÈME LEÇON.

hominibus 1. Cavete a fermento pharisœorum 2. Quelle règle de conduite devaient suivre les Apôtres et suivaient-ils en effet, dans de telles circonstances ? Ils n’écrivaient que par nécessité, et en écrivant ils taisaient tout ce qu’il n’était pas indispensable de confier au parchemin. Par précaution, ils aimaient à reproduire dans les mêmes termes ce qui avait été déjà publié, et ils s’attachaient à n’y ajouter que ce qui importait au moment. De cette façon, ils diminuaient la responsabilité et le danger. Les derniers écrits étaient réglés par les premiers : la plus grande réserve était imposée à ceux qui avaient des raisons d’écrire quelque chose d’inédit. Il y a plus : la loi du secret obligeait les chrétiens à taire les mystères aux Juifs et aux païens. Il fallait échapper aux prétextes d’accusation et exprimer chaque chose dans le langage et par le symbole convenus. Ce qui s’est pratiqué à toutes les époques de proscription et de persécution, était aussi en usage chez les premiers chrétiens.

Voilà, Messieurs, des circonstances qu’il ne faut jamais perdre de vue quand on lit les Evangiles et qu’on veut les apprécier. Ils ont été écrits à l’époque dont je viens de vous parler et suivant les règles que j’ai exposées. Rédigés en vue de certaines nécessités, ils ont eu pour but de satisfaire à ces nécessités seulement. Les Apôtres n’écrivaient point ou ne faisaient point écrire tout ce qu’ils auraient bien voulu communiquer, tout ce qu’il eût fallu dire pour

1 Matth., X, 17.

2 Marc, VIII, 15.