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des sujets qui pouvaient attirer, je ne dis pas les soupçons, mais même les regards de l’homme d’Etat. Aussi le christianisme naissant se dérobait-il tant qu’il le pouvait aux yeux de la police du temps, et tâchait-il de lui laisser le moins de traces possibles de sa vie. Soupçonnée sous Claude, l’Eglise allait être persécutée sous Néron. Tout était à craindre de la part des Juifs, lâches accusateurs de saint Paul devant les Romains. Les autorités établies dans l’empire, mises en présence de preuves légales, étaient dans l’obligation officielle de sévir. Le Romain avait un grand respect pour la loi et les formalités judiciaires, il ne se décidait pas facilement, en temps ordinaire, à punir même les chrétiens sans quelque preuve positive. Le juge se contentait souvent, pour la mise en accusation, de faibles indices, mais ce peu, il l’exigeait, surtout dans les provinces éloignées, en Asie Mineure, en Palestine. Dans les plus mauvais temps, pour que les chrétiens fussent poursuivis et cités par le préteur, ils devaient être dénoncés au juge par un accusateur qui se nommait et qui devait justifier son accusation en fournissant des élémens de preuves. Or, entre les moyens de preuves, les plus décisifs ont toujours été les écrits. En pareil cas, les chrétiens avaient-ils intérêt à multiplier des pièces de conviction à leur charge ? Allaient-ils oublier ce précepte du Maître : Soyez (entre vous) simples comme des colombes, et (devant vos ennemis) prudents comme des serpents ? — Gardez-vous des hommes, gardez-vous du vieux levain des pharisiens : Cavete ab