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SEPTIÈME LEÇON.

ναγκες ἐπὶ τὴν γραφὴν ἐλθεῖν κατέχει λόγος. On raconte qu’ils l’ont fait contraints.

Il est une question très grave que je ne veux pas traiter, mais qui, par cela même que des hommes judicieux l’ont soulevée, prouve déjà quelque chose. Les Apôtres savaient-ils écrire ? Je ne demande pas s’ils avaient l’art de composer des livres : Non ; l’inspiration divine de leurs discours eût suffi à leurs écrits. Mais c’était autrefois une question agitée dans l’école : les Apôtres savaient-ils tracer des lettres ? On pouvait en effet soulever le problème en se rappelant que les Apôtres étaient des pêcheurs, des hommes sans instruction, ἀλόγους καὶ ἰδιώτας, que Jésus-Christ avait formés à bien penser, à bien juger, à bien vivre, dont il avait élevé le cœur et l’esprit, mais dont il n’avait ni complété, ni commencé l’instruction graphique et grammaticale. Saint Matthieu et saint Jean sont les auteurs du premier et du dernier de nos évangiles ; saint Pierre et saint Jacques ont composé des épîtres ; mais ont-ils écrit de leur propre main ou ont-ils dicté leurs œuvres ? On peut hésiter à répondre quand on voit saint Paul dicter lui-même si souvent ses épîtres. Saint Paul, lui, savait écrire, et tout au moins tracer son nom. Mais ce travail lui était-il facile ? Plusieurs en ont douté. Savait-il écrire assez couramment pour suffire lui-même à sa correspondance ? voulait-il en dictant ses lettres s’épargner la peine d’écrire, ou bien sa main n’était-elle ni assez rapide, ni assez sûre ? A l’école de Gamaliel, il apprenait les traditions juives et l’explication de la Bible ; mais dans ces écoles on n’écrivait jamais.