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128 LES ÉVANGILES.

enseigné de vive voix. Son enseignement était court, simple, imagé, sententieux, évidemment destiné à rester dans la mémoire. Jésus-Christ s’est adjoint douze apôtres et soixante-dix disciples. Il les a instruits comme on instruit les ignorants, en leur répétant de vive voix, en leur inculquant, sous les formes les plus saisissantes et dans les conditions les plus frappantes, sa divine doctrine et ses plus expresses volontés. Il voulait que son enseignement se rattachât, dans toutes ses parties, moins à la conservation d’un papyrus ou à un parchemin, qu’à des lieux, à des faits, à des objets, à des circonstances qui le rendraient ineffaçable. Son baptême, il le rattache à celui de Jean ; son Eucharistie, à la multiplication des pains au désert et aux adieux de la cène. La primauté de saint Pierre se rapporte à l’énergie de la foi de cet apôtre ; la doctrine sur le royaume de Dieu a pour occasion un champ, une vigne , des filets ; le jugement général et la fin des temps se mêlent aux prédictions de la ruine de Jérusalem ! L’épi de blé, jaunissant dans les champs de la Galilée, l’arbre desséché sur la voie, le grain de sénevé, le lis au fond de la vallée, le passereau vendu à vil prix, le cheveu qui tombe inaperçu, toutes ces choses sensibles étaient des signes immortels, des lettres vives qui devaient à jamais servir à conserver et à rappeler le plus simple et le plus profond, le plus philosophique et le plus populaire, le plus compréhensible et le moins compliqué de tous les enseignements qu’a entendus l’oreille humaine ! Lorsque les apôtres ne comprenaient pas (et leur rusticité première