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SEPTIÈME LEÇON.

sans les posséder, parce qu’ils n’existaient pas encore ; mais quelques-unes même ne les acquirent que tard après leur publication. La mémoire des événements était si récente, et la tradition des familles chrétiennes si bien établie qu’on ne sentait point encore le besoin d’un mémorial authentique [1].

Cependant, Messieurs, si, dans la pensée de Jésus-Christ les Evangiles avaient été appelés à servir de premier fondement à son œuvre, le divin Maître aurait commencé par poser cette base de l’édifice. Jésus, avant d’appeler ses apôtres, eût d’abord rédigé un évangile, ou du moins il l’eût dicté aux douze sitôt après leur vocation. S’il avait jugé à propos de différer la rédaction écrite jusqu’à l’instruction orale terminée, il n’eût point voulu mourir avant que ce code, appelé à un rôle plus considérable que celui de Solon et de Lycurgue, ne vît le jour. Enfin, pour épuiser les hypothèses, il aurait chargé expressément ses apôtres, à sa mort, d’écrire l’acte constitutif trop longtemps ajourné. Il leur eût dit de se concerter, de s’entendre afin d’élever dans les meilleures conditions de publicité, d’authenticité et d’autorité, ce monument essentiel. Assurément cette œuvre aurait été accomplie avant la sortie du cénacle et solennellement promulguée au jour de la Pentecôte.

Eh bien ! Messieurs, rien de cela n’a eu lieu. Jésus-Christ n’a point écrit ni fait écrire. Il n’a chargé personne de rédiger la constitution chrétienne. Le divin Maître a

1 S. Justin.

  1. 1 S. Justin.