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SIXIÈME LEÇON.

cette fois, avec les protestants rationalistes, qui dénaturent et atténuent la vérité et l’inspiration des Evangiles au point d’affirmer que les écrits du Nouveau Testament n’ont d’autre importance que celle de documents défectueux et purement humains ; nous combattrons le vieux protestantisme qui exagère ce que le nouveau détruit. Ajournant la discussion avec la critique négative qui soutient que la Bible n’est rien, nous combattrons les luthériens et les calvinistes qui disent que la Bible est tout. Vous savez, Messieurs, que lorsque Luther et Calvin se révoltèrent au XVIe siècle contre l’Eglise et voulurent ruiner sa divine autorité, ils prétendirent substituer à celle-ci la seule souveraineté de la Bible. Dans leur système, le chrétien n’a plus besoin d’un corps de pasteurs successeurs incontestables et légitimes des apôtres pour enseigner les fidèles, pour expliquer et définir le dogme, pour conserver dans leur intégrité les traditions apostoliques, et régler le culte et la foi. La Bible, au dire des premiers réformés, enseignait tout, définissait tout, gouvernait tout, remplaçait tout. Le Nouveau Testament était le code primitif, complet et parfait, surabondamment lumineux pour tous les chrétiens.

Cette doctrine est-elle fondée ? Quel est, en réalité, le rôle et l’importance du Nouveau Testament dans l’économie du christianisme ?

Voilà la question qu’il me paraît bon d’aborder avant d’entrer dans la discussion des titres historiques de nos saints Evangiles.