PREMIÈRE LEÇON. 7
sible que la morale évangélique soit un mensonge, et le martyre du Christ un calcul ?
De telles impudences, applaudies dans des jours d’emportement, ne peuvent avoir un long avenir. Elles ne franchirent pas, à l’époque où elles se produisirent, les limites d’un cercle restreint. Hâtons-nous de le dire : elles scandalisèrent même les ennemis du christianisme. C’est l’honneur de Rousseau d’avoir écrit à cette époque les paroles que vous savez : « La majesté de l’Evangile m’étonne ; sa sainteté parle à mon cœur... Mes amis, ce n’est pas ainsi qu’on invente : l’inventeur en serait plus étonnant que le héros. »
Ni en Allemagne, ni en Angleterre, ni en France, ne prévalurent les théories injurieuses des encyclopédistes touchant les Evangiles. Elles tombèrent avec l’athéisme qui les avait inspirées. Néanmoins les vieilles croyances de l’Europe étaient alors profondément altérées. Les excès de Diderot et d’Helvétius révoltaient les consciences ; mais des négations moins audacieuses qui conservaient à Dieu son existence, à la morale ses lois essentielles, allaient trouver facilement accès dans les esprits. On accepta généralement le déisme ou la théorie de la religion naturelle. Derrière ce retranchement discret, on put abriter la double dénégation du fait et de la possibilité de la révélation. En Allemagne, en Angleterre, en France, on s’accorda à reconnaître la beauté morale du christianisme, la sincérité de Jésus-Christ et des Apôtres ; mais on repoussa les miracles. On scindait l’Evangile en deux : le déiste accep-