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SIXIÈME LEÇON. 449

tienne. Les autres n’ont pas le même caractère de nécessité. Quand le jardinier plante un arbuste, il l’environne de soins particuliers, il le soutient, il le défend, il l’arrose ; mais quand l’arbuste a plongé sa racine dans le sol, quand il est devenu un arbre, il n’a plus besoin de la culture première, et l’on ne remplace pas les tuteurs qui soutenaient sa tige naissante. D’ailleurs, les miracles des premiers siècles nous deviennent toujours présents par l’histoire, et ils n’ont rien perdu de leur force probante.

Cependant est-il certain que Dieu ait supprimé les miracles, à partir du moment où le christianisme a été fondé ? Pourrait-on le prouver ? Je plaindrais celui qui se chargerait de cette tâche ingrate. Si je lis l’histoire ecclésiastique, je vois, par exemple, que saint Athanase, allant explorer la Thébaïde, interrogea les témoins de la vie prodigieuse de saint Antoine, son contemporain, et que frappé des faits qu’il recueillit sur les lieux, il en écrivit le récit authentique pour la postérité. Il est facile de nier et de rire ; mais les rieurs, Messieurs, sont-ils mieux informés, ont-ils plus d’autorité que saint Athanase ? Sulpice Sévère a écrit la vie prodigieuse de saint Martin de Tours, dont un éminent archevêque a entrepris de relever le sanctuaire détruit, réparant de la sorte un outrage fait à un sentiment à la fois religieux et national : eh ! bien, Sulpice Sévère était le disciple de saint Martin ; il a connu le héros dont il se fait historien, il l’a suivi pas à pas. Celui qui nie les miracles racontés par ce témoin oculaire est-il mieux instruit et plus compétent