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SIXIÈME LEÇON. 117

que le respect et la soumission du subordonné envers son chef s’affaiblissent, que les liens de la discipline et de la morale se relâchent, etc. Ces faits accomplis, en sont-ils plus légitimes ? La loyauté, la morale ont-elles tort parce que le grand nombre se montre à leur égard infidèle ?

Maintenant, le fait est-il vrai dans la proportion qu’on suppose ? Beaucoup de protestants, sans doute, ne croient plus aux miracles : mais les catholiques n’hésitent pas à donner une foi entière à l’intervention surnaturelle de Dieu dans le monde. Il n’est pas vrai que les foules rejettent instinctivement les miracles. Jamais peut-être les sanctuaires réputés par les grâces extraordinaires que Dieu y accorde n’ont été plus fréquentés ?

Admettons qu’il soit de bon ton aujourd’hui et presque de mode parmi les coreligionnaires de M. Réville, de repousser tout prodige, de bafouer le surnaturel et de se moquer généralement de tous les miracles. — Que prouve cette habitude ? Les modes varient, et les gens les plus incrédules peuvent devenir les plus superstitieux. Depuis quatre-vingts ans, beaucoup de théories philosophiques et politiques ont eu tort dans l’opinion, et l’esprit public a étrangement varié ! — On a déjà renoncé à railler les croyances sincères et à rire de l’Evangile le progrès pourra s’étendre plus loin. Il faut le désirer, car il est à craindre que si on persiste à refuser une foi raisonnable aux miracles de l’Evangile, on n’accorde une confiance insensée à des prodiges bien autrement inexplicables.