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116 LES ÉVANGILES.

mythes, enfin, ne se frayeront pas petit à petit un chemin s’élargissant toujours ? Voilà où nous en sommes aujourd’hui dans la théologie protestante. Il faut avouer que l’expérience du passé n’est pas faite pour rassurer les partisans du surnaturel. Jusqu’à présent, il n’est pas un domaine, disputé par les deux points de vue, qui n’ait fini par demeurer en dernier ressort en la possession de leurs adversaires. Quel bonheur de mettre ailleurs que dans le miracle son espérance et son cœur ! Autrefois la piété et la foi cherchaient leur soutien dans le miracle ; aujourd’hui, d’un aveu pour ainsi dire unanime, c’est le miracle qui a besoin d’être soutenu par la piété et par la foi. Et qu’elles y ont de peines ! »

Que prouve cette longue citation ? Deux choses : 1° que la foi au surnaturel a diminué depuis la réforme, particulièrement au sein du protestantisme, et que 2° certaines gens, voyant dans les âges passés des superstitions et de faux miracles, ont cru logique de rejeter aussi les vrais miracles, même les mieux prouvés, ceux qui sont le fondement de la vraie religion, à peu près comme si quelqu’un rejetait les bonnes pièces de monnaie parce qu’il y en a de fausses !

Il n’importe guère qu’une multitude de gens s’estiment d’autant plus éclairés qu’ils croient moins un miracle ; ce qui importe est de savoir si cette multitude a raison. C’est, dit-on, un fait accompli. Mais tous les faits accomplis ne sont pas légitimes. N’entendez-vous pas répéter tous les jours que la loyauté dans le commerce s’en va,