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114 LES ÉVANGILES.

« Mais patience. Le seizième siècle arrive et son terrible ouragan. Ah ! frère Martin, quel abattis de miracles vous nous avez fait là ! Tout le surnaturel ecclésiastique à vau-l’eau ! Ni plus ni moins. Tout, dis-je, sauf un restant mal défini du miracle dans la sainte Cène, et voici venir l’Eglise réformée qui ne tardera pas à biffer ce dernier trait du vieil homme. Pape et clergé, saints et saintes, moines et ermites, statues et reliques , vous avez beau faire, on ne croit plus à vos miracles. D’autant plus que, par une singulière contradiction, vous n’en faites plus là où il serait le plus urgent d’en faire. Au fond, la Réforme se résume en ceci, qu’elle substitue à la transcendance du Saint-Esprit, son immanence dans l’Eglise. Il y a une énorme quantité de miracles de moins dans le monde, mais en revanche, beaucoup plus de vraie religion, de piété pure, de moralité réelle. — Restent pourtant le surnaturel satanique et le surnaturel biblique. Eh bien ! le premier s’en ira tout doucement. Magie et sorcellerie, malgré l’appui des gens de loi qui ont persisté jusqu’à la fin à les retenir, descendent insensiblement sous l’horizon. Peu à peu, il se trouve que les plus conservateurs reconnaissent à Satan le pouvoir de tenter les cœurs en général, le leur en particulier, mais ne voient plus trace de ses miracles physiques et physiologiques. Et même tout doucement le rôle séducteur de Satan devient figure, image, symbole. Le chapitre qui le concerne serait supprimé dans les dogmatiques orthodoxes qu’on s’en apercevrait à peine. Est-ce à dire que la moralité y ait perdu ? que la conscience n’ait