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6 LES ÉVANGILES.

ou plutôt des injures. Jésus-Christ était un visionnaire ; les Apôtres des imposteurs ; les premiers chrétiens des fanatiques. Les faits évangéliques avaient été inventés par un sacerdoce ambitieux, rédigés par des faussaires, et crus par des imbéciles. Voilà, Messieurs, sans les voiler sous la phrase, les aménités des incrédules du XVIIIe siècle à l’égard de cette primitive Eglise, dont le touchant souvenir charmera éternellement les consciences chrétiennes ! On niait non-seulement les faits miraculeux sur lesquels s’appuie le christianisme, mais la bonne foi de ceux qui les avaient publiés.

Nier la bonne foi des Apôtres, la bonne foi des chrétiens, la grandeur suprême de la personne de Jésus-Christ, c’était outrager à la fois la conscience et le bon sens. Nous avons peine à croire aujourd’hui à la possibilité d’un système d’attaque aussi faible et aussi révoltant. Nier que le christianisme ait été une œuvre de bonne foi, c’était, Messieurs, nier l’évidence ; c’était rejeter un fait aussi manifeste que le soleil. C’était nier la vie et la mort de chacun des héros chrétiens ; c’était fermer les yeux aux mille preuves de sincérité et d’ingénuité que fournissent les écrivains de la vie de Jésus 1 Voilà des hommes qui quittent leur famille et leur pays, renoncent aux douceurs de la vie domestique comme à la sécurité de leur personne, pour se mettre à la suite d’un Maître qui n’a rien, qui ne leur promet rien, si ce n’est la persécution, la pauvreté et la mort ! Et vous supposez ces hommes guidés par l’intérêt! " Je crois, disait Pascal, à des témoins qui se laissent égorger. » Est-il pos-