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112 LES ÉVANGILES.

tels problèmes si les attaques, dont ils sont le prétexte, n’étaient pas de nos jours bruyamment reproduites.

II. J’arrive, Messieurs, à la seconde objection. La possibilité des miracles, dit-on, est un fait jugé, et personne ne veut plus y croire. Voici ce que je lis dans une revue protestante. Le texte que je vais citer est long ; mais il a le mérite d’exposer la difficulté dans toute sa force et avec quelque originalité. On comprend que lorsque je combats des objections si pauvres dans leur fond, je veuille vous offrir un dédommagement dans la forme qu’elles revêtent. Je choisis parmi les adversaires les plus éloquents et les plus forts. « Voilà bientôt quatre cents ans, dit M. Réville, que la pensée religieuse est en rupture continue et progressive avec le surnaturel. Pour bien comprendre ceci, il faut reculer jusqu’aux temps qui précédèrent la Renaissance et se replacer en imagination dans la position des hommes religieux de cette époque. Faisons ce léger effort. Y sommes-nous ? Eh bien ! regardons. Le surnaturel nous entoure de toutes parts. Ce n’est pas seulement le débris que les semi-orthodoxes de nos jours veulent sauver d’un déluge qui atteint déjà les plus hauts sommets — et qui les dépassera de quinze coudées. C’est un surnaturel si fréquent, si général, si universel, qu’en vérité on est tenté de se demander s’il y a réellement une nature digne de son nom. Ainsi, le surnaturel dans le sens des orthodoxes, l’intervention violente d’une puissance extérieure et supérieure aux lois de la Nature, n’est pas uniquement d’ordre divin. L’enfer aussi a ses miracles, et ils ne sont pas en petit nombre. Les