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SIXIÈME LEÇON. 111

sous nos yeux, un mort, que nous voyons dans le tombeau n’être plus qu’un cadavre tombé en dissolution, se ranime et se montre en un instant plein de vie et de santé. Dans une grande plaine, un homme, entouré d’une foule immense, se dit l’envoyé de Dieu ; et pour le prouver, il prend quelques pains qui se multiplient dans ses mains de manière à nourrir huit mille hommes. J’étais, je le suppose, aveugle de naissance ; jamais je n’avais vu la lumière : et tout à coup, sans aucun remède, et sans aucun agent naturel, à la seule parole d’un homme, mes yeux s’ouvrent à la clarté du jour, et mon organe se trouve aussi net, aussi pur que si j’en avais eu le libre usage toute ma vie. Messieurs, si ces faits arrivaient, je l’avoue sans honte et sans craindre le reproche de crédulité, je croirais au miracle, vainement j’affecterais le contraire, je mentirais à ma conscience, et mon cœur réclamerait contre mes paroles. Je suppose encore que le fleuve qui baigne cette capitale, frappé d’une simple baguette, ouvre son sein et s’élève en deux murailles d’eau, pour laisser le passage libre à une armée de cent mille hommes ; qui de nous serait assez stupide ou assez insensé pour ne voir là qu’un fait naturel ? Je voudrais bien savoir si tous les hommes à baguettes, à miroirs magiques, à conducteurs électriques, à piles galvaniques , à fourneaux chimiques, allant opérer sur les bords de la Seine pourraient suspendre et diviser ses eaux. »

Le bon sens, Messieurs, suffit seul pour résoudre de telles questions. Il faudrait vraiment s’excuser d’agiter de