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110 LES ÉVANGILES.

tivé ou sans passion ne doutait qu’il ne fallût les attribuer à des causes naturelles. »

Est-il vrai que le miracle ne puisse être jamais constaté ? A-t-on le droit de supposer qu’un prodige a toujours des causes naturelles ? Rousseau n’est pas de cet avis.. « Qu’un homme, dit-il, vienne nous tenir ce langage : Mortels, je vous annonce, la volonté du Très-Haut ; reconnaissez à ma voix celui qui m’envoie ; j’ordonne au soleil de changer sa course, aux étoiles de former un autre arrangement, aux montagnes de s’aplanir, aux flots de s’élever, à la terre de prendre un autre aspect. A ces merveilles, qui ne reconnaîtra pas à l’instant le maître de la nature ? Elle n’obéit point aux imposteurs. »

Rappelez-vous, Messieurs, ce que nous avons dit dans les leçons précédentes : Autre est l’action de l’homme dans la nature, autre est l’action de Dieu. Cette dernière, nous l’avons dit, a des signes distinctifs que nul homme raisonnable ne pourra méconnaître. La guérison d’un aveugle de naissance, à l’aide de la parole, la résurrection d’un mort ne peuvent être attribuées qu’à l’action puissante de Dieu. Les agents naturels ont chacun leur caractère. Leur action est renfermée dans certaines limites ; elle s’exerce dans certaines conditions qui la font reconnaître. Ecoutez M. Frayssinous. « Si je voyais, dit-il, le cours de la nature manifestement interrompu, si j’étais témoin d’un événement qui dérogeât évidemment à une loi bien constante du monde physique, il ne serait pas en mon pouvoir de n’y pas reconnaître un événement miraculeux ! Ainsi,