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108 LES ÉVANGILES.

des témoins sincères qui affirmeraient avoir vu, de leurs propres yeux vu, un miracle. C’est la parole de Voltaire. « Si l’on m’assurait qu’un mort est ressuscité à Passy, je me garderais bien d’y courir. Je deviendrais peut-être aussi fou que les autres. »

« La nature des lois de la probabilité et celle de la certitude, dit M. Powel, ont été trop peu recherchées. L’influence des convictions antécédentes sur les témoignages des faits n’a pas été assez étudiée pour qu’il soit permis d’en faire une sage application.

« Après l’événement, surtout quand celui-ci est extraordinaire, si on interroge ses souvenirs, ceux-ci reproduisent les impressions, les idées causées par l’émotion, la surprise, l’étonnement : impressions que la soudaineté du fait n’a pas permis de corriger selon les règles d’une saine observation. Ainsi il arrive, sans que ni la bonne foi ni la sincérité soient mises en question, que, vu les émotions d’un témoin, la probabilité qu’il s’est trompé l’emporte sur celle des événements.

« En outre, la question ordinaire du témoignage, de sa valeur, de ses défauts, se complique de celle de nos convictions antérieures. Ces convictions dépendent de lois supérieures à tout témoignage ou du moins d’un ordre différent.

« Si, aujourd’hui, un fait extraordinaire était constaté par des hommes sans préjugés, placés au-dessus de tout soupçon d’imposture, la seule conclusion qu’on en tirerait serait qu’il y a dans le fait des circonstances inexplicables