SIXIÉME LEÇON 107
« Jadis les prophètes faisaient descendre à leur voix le feu du ciel : aujourd’hui les enfants en font autant avec un petit morceau de verre. Josué fit arrêter le soleil ; un faiseur d’almanachs va le faire éclipser ; le prodige est encore plus sensible. Le cabinet de M. l’abbé Nollet est un laboratoire de magie ; les Récréations mathématiques sont un recueil de miracles ; que dis-je ? les foires même en fourmilleront, les Briochés n’y sont pas rares : le seul paysan de Nord-Hollande que j’ai vu vingt fois allumer sa chandelle avec son couteau, a de quoi subjuguer tout le peuple même à Paris ; que pensez-vous qu’il eût fait en Syrie ? « C’est un spectacle bien singulier que ces foires de Paris ; il n’y en a pas une où l’on ne voie les choses les plus étonnantes, sans que le public y daigne presque faire attention ; tant on est accoutumé aux choses étonnantes, et même à celles qu’on ne peut concevoir ! On y voit, au moment où j’écris ceci, deux machines portatives séparées, dont l’une marche ou s’arrête exactement à la volonté de celui qui fait marcher ou arrêter l’autre. J’y ai vu une tête de bois qui parlait, et dont on ne parlait pas tant que de celle d’Albert-le-Grand. J’ai vu même une chose plus étonnante ; c’était force têtes d’hommes, de savants, d’académicien qui couraient aux miracles des convulsions, et qui en revenaient tout émerveillés. » « Un miracle, disent les Essais et Revues, est un fait surnaturel ; or ce qui est surnaturel ne peut être l’objet d’un témoignage. »
M. Powel va plus loin encore, il refuse toute autorité à