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PREMIÈRE LEÇON. 5

plus assuré de ne point blesser nos compatriotes, que nous en parlerons peu. Ils ont emprunté leurs idées à l’Allemagne : c’est en Allemagne que nous trouverons nos contradicteurs. Nous irons à la voix, et nous laisserons l’écho. Afin de mieux saisir votre esprit des questions à traiter relativement à la divinité de nos Evangiles, je voudrais vous exposer aujourd’hui les phases diverses du mouvement d’esprit qui s’y rapportent.

Personne, Messieurs, avant le XVIIIe siècle, n’avait entrepris de nier l’authenticité de nos Evangiles. Il est vrai qu’au second siècle Marcion en rejetait plusieurs ; mais il ne contestait point qu’ils émanassent des auteurs dont ils portent le nom. Voulant faire triompher la théorie dualiste , d’après laquelle l’Ancien Testament aurait été inspiré par une divinité inférieure, jalouse et hostile, il repoussait les Evangiles qui lui semblaient rattacher trop manifestement le christianisme au judaïsme. Marcion niait l’autorité des Evangiles, mais nous nous en sommes convaincus, c’est une erreur de supposer qu’il contestât leur authenticité. Ni les gnostiques ni les néoplatoniciens n’ont réellement nié l’authenticité de nos Evangiles. C’est au XVIII* siècle, dont l’érudition n’a point fait la gloire, que les philosophes osèrent nier l’authenticité des écrits apostoliques. Autant la philosophie qui l’inspirait était abjecte, autant l’attaque était grossière. Les encyclopédistes qui niaient à la fois l’immortalité de l’âme et ses éternelles destinées ne se mettaient point en frais de science et de recherches. C’étaient des affirmations gratuites ,