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102 LES ÉVANGILES.

sans influence durable sur les masses, et ses divisions la discréditent. Enfin elle ignore les vérités du salut et ne peut y atteindre. La philosophie ne suffit donc pas à la conduite du genre humain. A côté d’elle doit se placer la religion. Or la religion, c’est le prodige de l’intervention sensible de Dieu : c’est le miracle. Le miracle n’est donc point inutile. Mais on insiste et on dit : Jésus-Christ n’a point appuyé sa doctrine sur l’autorité des miracles. Ici encore Rousseau et les critiques modernes se répètent et se copient.

« Jésus, dit Rousseau, ne s’annonça pas d’abord par des miracles, mais par la prédication. A douze ans, il discutait déjà dans le temple avec les docteurs, tantôt les interrogeant, tantôt les surprenant par la sagesse de ses réponses. Ce fut là le commencement de ses fonctions, comme il le déclara lui-même à sa mère et à Joseph. Dans ce pays, avant qu’il fit aucun miracle, il se mit à prêcher aux peuples le royaume des cieux ; et il avait déjà rassemblé plusieurs disciples sans s’être autorisé près d’eux d’aucun signe, puisqu’il est dit que ce fut à Cana qu’il fit le premier.

« Quand il fit ensuite des miracles, c’était le plus souvent dans des occasions particulières, dont le choix n’annonçait pas un témoignage public, et dont le but était si peu de manifester sa puissance, qu’on ne lui en a jamais demandé pour cette fin qu’il ne les ait refusés. Voyez là-dessus toute l’histoire de sa vie ; écoutez surtout sa propre