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SIXIÈME LEÇON. 101

1° la philosophie n’est pas accessible à tous ; 2° elle manque d’autorité. Je dois ajouter, pour être complet, qu’elle ignore les plus essentielles de toutes les vérités, celles qui, selon notre langage chrétien, importent au salut, c’est-à-dire, l’origine, la fin de l’homme, et les moyens d’atteindre cette fin. Les philosophes ne peuvent s’élever jusque-là. Leurs vagues conjectures sont insuffisantes pour satisfaire le besoin impérieux de la certitude en ces matières essentielles.

Aussi à côté de la philosophie se place chez tous les peuples l’autorité de la religion. La religion a été antérieure à la philosophie, et n’a jamais cessé d’exercer sur les masses une autorité, une influence que ne possédèrent jamais les disciples du Lycée ou du Portique. Mais au nom de quel principe la religion commande- t'elle, persuade-t-elle, gouverne-t-elle les nations ? Au nom de la Divinité, dont elle est la voix. Comment prouve-t-elle à la foule qu’elle est cette voix ? Par le miracle. Aussi le prodige est-il la base de toute religion.

Résumons. Il est évident : 1° que le miracle a été nécessaire au commencement pour l’établissement du christianisme ; 2° que la foi aux miracles primitifs est encore nécessaire aujourd’hui ; enfin, 3° que placer les preuves du christianisme dans la seule évidence de sa beauté, de sa bonté, de sa vérité, de sa profondeur, c’est transformer le christianisme en philosophie pure. Or la philosophie est le privilège du petit nombre. D’autre part, son évidence est souvent douteuse et toute personnelle. Elle est