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100 LES ÉVANGILES.

cipe par une série d’équations ingénieuses : en un mot, le philosophe se démontre tout ce qu’il croit et discute l’un après l’autre tous les principes qui règlent sa vie. Il ne s’incline que devant l’évidence.

Mais, Messieurs, cette évidence ne s’acquiert qu’au prix du temps, de l’étude, à la condition d’une longue et pénible culture de l’esprit. Elle est le privilège du petit nombre. Elle suppose trois choses dont le concours est rare : le loisir, l’étude et l’intelligence. Ensuite, l’évidence n’éclaire pas toutes les questions. — Ajoutons que ce qui est évident pour un philosophe ne l’est pas toujours pour un autre. Ils disputent ; et leurs éternelles contestations diminuent aux yeux de la foule leur autorité. Les philosophes, il faut bien qu’ils en conviennent, n’ont point pour eux l’autorité des hommes éminents qui cultivent un autre champ des connaissances humaines, celui des géomètres, des mathématiciens, par exemple. Ces derniers s’accordent sur tous les points essentiels de la science. Les philosophes disputent sur les bases de la morale et de la théodicée : ils font douter par là des résultats de leurs spéculations. Je dirais, si je ne craignais de manquer de respect, qu’ils rappellent un peu au peuple qui ne les comprend pas les médecins de Molière ou de Lesage. En les voyant se contredire avec tant de passion, les esprits sérieux s’inquiètent et le vulgaire s’amuse. S’il n’y avait que la philosophie dans le monde, l’immense majorité des hommes manquerait de certitude dans les choses essentielles, à la discipline de la vie et au gouvernement de l’âme. Car,