98 LES ÉVANGILES.
Jésus-Christ et par les Apôtres, l’Évangile et l’Église perdront à la fois leur autorité. Les récits miraculeux sont indissolublement liés à la vie du Christ, à la doctrine et à la morale de l’Evangile : quelle pourra donc être l’autorité de ce livre divin, si l’on rejette les miracles ? II ne restera plus entre nos mains qu’un document déshonoré et au trois quarts légendaire ! Si les trois quarts des évangiles sont des faits mensongers, comment les foules conserveront-elles du respect pour le reste ? Evidemment l’évangile mutilé, suspecté, déconsidéré, ne serait plus alors l’Évangile ; il ne mériterait plus de régler la foi et il serait impuissant à la conserver. — D’un autre côté, où l’Église puise-t-elle son autorité ? Évidemment dans son institution surnaturelle. Si ce n’est pas le fils de Dieu lui-même, le Verbe miraculeusement incarné qui a institué l’Eglise pour enseigner et gouverner en son nom, l’Église enseignante demeure privée de toute autorité, l’Eglise dirigeante n’a point de mission. Qui désormais voudra accepter ses définitions et obéir à son gouvernement ? Donc, Messieurs, les deux moyens de conservation de christianisme reposent sur la foi aux miracles ; et comme en dehors de ces deux moyens il est difficile d’en imaginer un troisième, il est de toute évidence que l’œuvre du Christ, considérée soit comme doctrine, soit comme société, disparaîtrait avec la foi aux miracles. En réduisant l’autorité du christianisme à l’évidence de la beauté, de la raison, de la profondeur de l’Évangile, en supposant que l’évidence est le seul et légitime moyen