la liberté, aux tendances, tantôt militaristes, tantôt économistes, qui, à une phase reculée de leur préhistoire, s’accentuaient déjà chez les diverses peuplades. Pourtant, il n’est pas difficile de voir que cette hypothèse a pour base une conception a priori, reposant à son tour sur une appréciation exagérée de la violence de l’élément guerrier dans l’histoire. La guerre n’est qu’un épisode, un cas particulier de l’universelle lutte pour l’existence. Les pyramides de Giseh, les murailles de Babylone, les digues de la baie de Hangtcheou, et tant d’autres merveilleuses créations de ce que Herbert Spencer entend par économisme, représentent plus de sang et de larmes, plus de souffrances et d’iniquités que tous les champs de bataille du globe, depuis Kadech jusqu’à Sedan et Plewna. À toutes les époques et chez les peuples les plus divers, on pourrait trouver des communautés formées par la guerre et pour la guerre, et où le despotisme, l’élément coercitif, n’apparaît qu’en proportion minimale. Telles étaient, par exemple les républiques cosaques d’Ukraine au XVIIe siècle, et, plus récemment, les Monténégrins ; tels sont encore les Sikhs du Pandjah et plusieurs tribus montagnardes du Caucase, de l’Abyssinie, etc. Les Kabyles, un des peuples les plus braves de la terre, sont aussi l’un des plus libres, si ce n’est le plus libre entre tous ceux qui vivent ou ont vécu sur le globe. Voici ce qu’en dit M. E. Renan, que l’on ne soupçonne point de tendresse de parti pris pour le principe anarchique :
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