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naturels nous est offert par les couples conjugaux si fréquents dans le règne animal, mais ce n’est là que le point de départ d’une évolution extraordinairement riche en formes variées[1].

Notons en passant que les positivistes, d’après Auguste Comte, et les évolutionnistes anglais, avec Herbert Spencer, placent — et fort arbitrairement à mon avis — le commencement du domaine de la sociologie à l’origine des dèmes, abandonnant ainsi aux recherches biologiques l’évolution des formes inférieures de l’individualité collective. Pour A. Comte, notamment, l’attrait sexuel, qui pousse les bions à la formation des dèmes est, en quelque sorte, la base physiologique des instincts altruistes sur lesquels repose l’édifice social. J’ai examiné ailleurs[2] la valeur de cette assertion : à mon sens, le domaine sociologique se trouve partout où se manifeste un phénomène de coopération ; mais à cet égard, on ne peut tracer de limite précise entre les organismes individuels et les sociétés. Toujours est-il que les biologistes n’entendent pas exclure de leurs études les dèmes conjugaux : nous ne saurions les en blâmer, puisque le peu de lumière projetée sur ces problèmes est due aux seules recherches des botanistes et des zoologistes.

  1. Les botanistes et les zoologistes ne sont pas encore tombés d’accord sur la nomenclature et le nombre des degrés qu’il est utile de distinguer. Nous nous contenterons de quatre termes de la série : 1o cellule ou plastide ; 2o organes et tissus ; 3o bion ; 4o dème. — Cf. M. Cattaneo : Le colonie lineari e la morfologia dei molluschi.
  2. Voir Contemporary Review, septembre 1886.