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fatal en tant que cosmique ; suivant les autres, il est fatal, en tant que providentiel. »

Au point de vue particulier où nous nous plaçons pour le moment, peu importe d’où vient le progrès et par quelles voies il procède ; l’essentiel est de déterminer en quoi il consiste et à quel signe définitif on le reconnaît dans l’histoire, en dehors de toute velléité subjective, de tout parti pris de système ou d’école.

Pour le savant auteur que je viens de citer, « progrès » ne signifie pas seulement une marche en avant, mais une marche intelligente, libre et consciente vers une fin qui est notre bien. L’être qui n’a ni liberté ni intelligence peut passer d’un état à un autre, se développer ou évoluer, mais il ne progresse pas. « En quoi, par exemple, demande M. F. Bouillier, l’état liquide de notre globe, pris en lui-même, est-il un progrès sur l’état gazeux ou l’état solide sur l’état liquide ? On nous dira, sans doute, que ces états successifs ont été un progrès parce qu’ils préparent l’avènement de l’homme sur la terre, ou plutôt parce qu’ils en étaient la condition préalable. Mais, entre la scène sur laquelle les acteurs doivent paraître, quand elle sera prête, et les acteurs eux-mêmes, il y a un hiatus qu’une trompeuse synonymie de mots ne saurait combler. Ne confondons donc pas le progrès avec le développement matériel des conditions de l’existence de l’humanité sur cette terre, et conservons seulement pour elle (pour la marche consciente, libre et intel-