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rares occasions[1]. Mais les humbles demeures où le peuple vivait sa quotidienne vie, grise et monotone, et où, sous la pénible corvée historique, il périssait lentement au profit des générations à venir, celles-là, toujours et partout, ont été trop chétives pour résister à la destruction. Impossible de reconstituer l’existence passée des nations, si ce n’est d’après les lointains échos des événements qui les ont agitées, quelques débris de leurs villes et de leurs édifices publics.

Depuis l’origine des temps historiques, les destinées des peuples et de l’humanité entière ont si souvent varié en tous sens et en toutes directions, les siècles d’ignorance et de misère ont tant de fois succédé aux périodes de prospérité et de gloire, qu’il est difficile de s’orienter dans ce dédale. La « nature intime » de quelques élus se montrait avec éclat, avec grandeur, mais la condition de l’homme, c’est-à-dire des masses, ne s’améliorant point. L’histoire pragmatique — celle qui se contente d’enregistrer, dans leur désordre chronologique, les faits et gestes des principales nations du globe — n’est rien moins qu’une monographie du progrès. À une science plus abstraite, à l’histoire philosophique, ou, comme on est convenu de l’appeler, à la philosophie de l’histoire, de livrer le fil d’Ariane nécessaire pour nous conduire à travers le sombre labyrinthe qu’il s’agit d’explorer.

  1. Voir P. Mougeolle, les Problèmes de l’Histoire.