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L’INDUS ET LA GANGE

ples de l’Inde[1]. On ne sait pas grand’chose sur les faits et gestes des premiers souverains de cette nouvelle race royale, dont l’apparition seule était une violation flagrante des instructions de Manou ; mais le petit-fils et troisième successeur de Tchandragroupta fut le célèbre Açoka, si souvent comparé à Constantin ; il proclama la déchéance de la loi brahmanique et érigea le bouddhisme en religion d’État. À en juger par des monuments dont rien n’égale la splendeur, le règne d’Açoka et les années des premiers triomphes du bouddhisme furent la dernière période glorieuse de l’histoire de l’Inde ; encore ne devait-elle pas être de longue durée, puisque, au viie siècle de l’ère chrétienne, le pèlerin chinois Hiouen-Tsang trouvait la patrie de Çakya Mouni en pleine décadence. La victoire du bouddhisme avec Açoka n’avait pas été définitive, et le brahmanisme, qui apparaît déjà dans le code de Manou comme une doctrine morte, continue à empoisonner l’Inde des produits de sa décomposition, Civaïsme, Krichnaïsme, etc. D’ailleurs le bouddhisme, avec sa passion du repos[2], sa renonciation aux choses de ce monde, s’alliait trop au sentiment de lassitude qui caractérise la fin de la domination brahmanique pour

  1. C’est le chiffre donné par Mégasthène qui n’avait vu cependant qu’une faible partie de l’Inde.
  2. « Mieux vaut être assis que debout, et couché qu’assis. Mieux vaut être mort que vivant ! » dicton des plus populaires chez les bouddhistes. Le but suprême de leurs aspirations, le nirvana, tend à l’anéantissement de toute action, de tout désir, de tout l’être, en un mot.