Christ : à peine peut-on se permettre de reculer cette date de cent cinquante à deux cents ans[1].
L’Inde antique ne put élever de temples, de tombeaux à l’épreuve des siècles, sculpter des colosses, tailler des bas-reliefs pour l’admiration de la postérité la plus éloignée ; elle n’écrivit point ses fastes[2] et ne revit pour nous que dans ses hymnes sacrés, ses poèmes épiques. Pourtant, si l’on négligeait sa part dans l’histoire universelle, comme Auguste Comte y semblait disposé, nous serions condamnés à ignorer les débuts mêmes de la poésie, de la philosophie, de la législation ; la plus profonde, la plus « catholique » dans le vrai sens du mot, c’est-à-dire la plus répandue de toutes les religions, professée par près de 500 000 000 d’hommes, le bouddhisme, serait pour nous un insoluble problème. L’humanité doit à l’Hindoustan les prémices poétiques et intellectuelles de son histoire, mais l’histoire même de la Péninsule est encore, et probablement sera toujours ignorée. Un voile impénétrable, impénétré, nous la cache à l’époque des plus anciens hymnes védiques, et plus tard aux temps qui se reflètent, ombres fantastiques et incertaines, dans les grandes épopées du Ramayana et du Mahabharata. Le Manava dharma sastra, le code de Manou[3] que l’on