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cette barrière naturelle entre la mer Noire et la contrée mésopotamienne se présente sous un aspect imposant, presque formidable. Les chaînes de l’Anti-Caucase ou Alpes d’Arménie s’élèvent à une hauteur considérable, et leur configuration tourmentée, les escarpements arides, les pitons déchirés qui dominent les éboulis, accentuent encore l’aspect sauvage du pays. Pourtant, « malgré la barrière des Alpes pontiques, la plus grande partie de l’Arménie méridionale est soumise à l’influence des souffles pluviaux de l’ouest, qui se dirigent de la mer vers le plateau de Sivas, puis vont s’engouffrer dans les vallées occidentales, ouvertes en forme d’entonnoir. C’est ainsi que toute la haute vallée du Kara-sou, jusqu’au bassin d’Erzeroum, reçoit les vents de la mer Noire. Ils soufflent principalement pendant l’hiver et recouvrent de neige l’amphithéâtre des monts autour des sources de l’Euphrate ; les vents du nord et de l’est, déviation du grand courant polaire qui traverse le continent de l’Asie, apportent un air sec qui dissout les nuages ; mais il arrive aussi que de brusques tempêtes, provenant de l’ouest, se terminent par de violentes averses… Sur le versant septentrional, l’excédent d’humidité que reçoivent les Alpes arméniennes forme des rivières telles que le Tchorouk et le Karchout, dont le volume est très considérable en proportion du bassin, et, sur le versant méridional, il alimente l’Euphrate et le Tigre, dont les flots, réunis dans le Chat-el-Arab, dépassent tout autre courant compris entre l’Inde et