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Bangouelo, Moero Okata, Tanganîka, Kéréoué ou Victoria Nyanza, cette dernière ayant quelque droit à l’appellation de mer, puisqu’elle dépasse en étendue le lac dit mer d’Aral. Les espaces intermédiaires à ces grands lacs, dont les tributaires et les émissaires divergent en tous sens, sont en maints endroits de vastes lagunes, des marécages aux contours incertains ; aussi la région tout entière a-t-elle pu produire l’impression d’une mer sur des voyageurs qui la côtoyaient sans la parcourir. Les renseignements des Portugais leur venaient des pombeiros, conducteurs noirs des caravanes qui, tous les ans, partent du Bihé, sur les frontières du Benguela, pour la région des grands lacs et du bas Zambèse[1] ; naguère encore ces notions étaient générales parmi les Arabes et les Zanzibariens qui, de temps immémorial, commercent avec l’intérieur par la voie des stations situées à l’est du Tanganîka et sur le haut Congo. Après avoir lu la description de l’Afrique centrale dans un ouvrage espagnol datant de la première moitié du XVIIe siècle et publié à Madrid sous ce titre : Relacion de la Mission Evangelica en el reyno de Congo de la serafica corporacion de los Capuchinos, on peut s’expliquer facilement que le célèbre Bruce, une fois parvenu

  1. On a pu reconstituer avec quelque précision l’itinéraire de deux de ces pombeiros qui, vers 1806, c’est-à-dire presque un demi-siècle avant le grand voyage de Livingstone, ont traversé l’Afrique, de l’Atlantique aux bouches du Zambèse, ou du moins jusqu’à Tété, en faisant un grand détour vers le nord, afin de visiter la résidence de Mouata Yambo.