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des pays les plus civilisés, et pourtant on y pratique encore le cannibalisme.

Le fleuve, dans tous les pays, se présente à nous comme la synthèse vivante de toutes les conditions complexes du climat, du sol, de la configuration du terrain et de la constitution géologique. Sa course lente ou rapide, l’abondance et l’impétuosité de ses eaux dépendent des pluies, des neiges, de l’alternance des saisons, d’innombrables variations climatiques ; le relief des terres, le plus ou moins d’éloignement de la mer déterminent la longueur et les sinuosités de son cours ; la nature de son lit, l’indigence ou la prodigalité d’alluvions, de détritus organiques, de substances minérales en suspension, rendent ses flots clairs ou troubles, leur prêtent des propriétés, des colorations, des saveurs variées, augmentent ou diminuent leur puissance plastique ou leur pouvoir destructeur.

Un coup d’œil sur la mappemonde prouve que le rôle historique des fleuves n’est point proportionné à la longueur de leur parcours ou à leur volume d’eau : en thèse générale, on pourrait presque affirmer que les plus puissants d’entre eux n’ont point encore d’histoire. Le Nil compte, il est vrai, au nombre des géants du monde fluvial, non par l’abondance de l’eau, mais par la longueur du cours : il suit d’assez près le Mississippi-Missouri, dont l’importance, dans les annales du globe, n’a aucune analogie avec la sienne ; mais sa partie historique commence seulement près de Syène, en aval de la