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l’autre s’écoulant sur la région stérile et réfractaire de Si-Yu[1]. Les Chinois semblent avoir compris que ces plaines élevées ont rempli dans leur civilisation la fonction de déversoirs, car, dans la nomenclature officielle de l’empire du Milieu, leurs possessions de l’Asie centrale s’appellent les « Routes au nord et au sud des montagnes Célestes[2] ».


Après avoir délimité ce monde à part dans l’ancien continent, ce vaste territoire où l’humanité s’est éveillée à la vie historique, nous sommes forcés de nous demander à quelle particularité de sa situation géographique on doit rapporter le privilège d’avoir servi de berceau à l’histoire du genre humain.

Notre globe présente, dans ses régions les plus variées, des milieux aptes à dégager l’homme de l’animalité. L’archéologie préhistorique, cette science née d’hier, nous montre, dans tous les pays explorés, de nombreux vestiges d’art ou d’industrie, reliques de peuplades qui n’ont jamais figuré dans l’histoire. À l’époque néolithique déjà, et sur bien des points obscurs de l’ancien et du nouveau continent,

  1. Si-Yu est le nom administratif chinois de l’Asie centrale.
  2. Tian-Chan-Pé-lou et Tian-Chan-Nan-lou. Nos sinologues traduisent aussi par « route » le mot tao qui signifie « voie », « méthode », et par extension, une grande circonscription administrative, dans ce sens de « canal par lequel le pouvoir central atteint jusqu’aux provinces les plus éloignées ». Mais tao a une signification beaucoup plus large que lou, qui, dans les dictionnaires idéographiques, se classe sous le radical « pied » et exprime une allusion bien plus directe à l’acte de marcher.