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escale sur quelques points du littoral africain et s’y procurer des dents d’éléphant, mais l’or, l’argent, les pierres précieuses, ou ne les trouvait guère que dans les pays indiens. Le curieux détail relatif à ce « bois odorant », à cet ulmugghim qu’on ne vit jamais depuis, fait penser au bois de santal, produit de l’Insulinde ou de l’Océanie[1]. Les hardis mariniers du littoral syrien auraient-ils, par exception, poussé leur course aventureuse jusqu’à des parages si prodigieusement éloignés ? On ne saurait l’affirmer ; aussi bien, dans quelque port de l’Indo-Chine, ils ont pu acheter cette précieuse essence à des navigateurs malais, ces « Phéniciens de l’océan Indien et de la mer du Sud », qui furent si longtemps les maîtres du trafic de l’Inde avec les habitants des côtes sud-orientales.

Le rôle inerte et passif que, depuis un temps immémorial, l’Inde subit dans l’histoire, correspond, on le voit, à sa situation désavantageuse sur le territoire des grandes despoties fluviales. Au contraire, l’Occident ne laissera jamais tomber de ses mains l’influence qu’ont su prendre en Orient les Phéniciens, admirablement servis par la position géographique de leur patrie, et surtout par leur apprentissage dans les eaux de la Méditerranée. Les Grecs apprennent d’eux la route des eaux périlleuses de l’océan Indien et de la mer Tonkinoise.

  1. Cf. Mémoire sur le Périple d’Hanmon, par Aug. Mer, capitaine de vaisseau.