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Le nom de Bab-el-Mandeb (porte de perdition, porte de celui qui va à la mort) donné au détroit réunissant la mer Rouge à l’océan Indien, témoigne de l’horreur que ses eaux inspiraient aux Arabes du moyen âge, des mariniers, pourtant, auxquels on ne saurait comparer les descendants des pâtres védiques. Inutile, du reste, de chercher, au large du bloc oriental des grandes despoties fluviales, ces chaînes d’îles et de promontoires, qui, dans la mer Égée et la Méditerranée africo-européenne, conduisirent de proche en proche les Phéniciens du littoral de la Syrie jusqu’en Espagne, puis leur ouvrirent le vaste Océan, après les avoir aguerris par un long apprentissage de la navigation sur la « mer entre terres ».

Ces traits généraux suffisent pour expliquer le manque de synchronisme constaté plus haut dans l’histoire des peuples célèbres de l’antiquité. Si même il était prouvé que les quatre grandes civilisations ne sont pas nées spontanément dans chacune des régions où nous les montre le début de leurs annales monumentales et documentaires, si l’on établissait qu’elles ont puisé à une source commune et encore inconnue, la période d’incubation n’en serait pas moins inégale dans ces divers pays, et l’évolution successive aurait marché plus ou moins rapidement suivant les lieux. Vers le quarantième siècle avant Jésus-Christ, l’Égypte possédait des monuments déjà vieux[1] pour les contemporains des fon-

  1. Le temple archaïque découvert par M. Mariette, et le sphinx de Giseh.