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en partie indépendants des influences du milieu.

« La race n’est pas une cause, mais un effet » ; elle est « fille de la Terre ». Ce sont les milieux qui la font, la transforment, la modifient incessamment. Ne voyons-nous pas, dans notre courte vie, se former des variétés nouvelles que l’on n’hésiterait pas à qualifier du nom de « races » si on n’en connaissait pas le mode d’évolution et l’origine contemporaine ? Les conditions spéciales, propres aux vallées étroites et sans lumière, n’ont-elles pas créé le type du crétin que perpétue l’hérédité, et qu’un milieu salubre, une alimentation normale ramènent peu à peu à la constitution et à l’apparence ordinaires de leurs voisins plus favorisés ! Dans chaque pays, les indigènes arrivent à se distinguer non seulement par l’esprit de corps, mais aussi par le type physique, suivant les professions qu’ils exercent : en quelque pays qu’on soit, on reconnaît le forgeron, le marin, le soldat, l’homme de loi, le prêtre. Telle est la puissance « anthropoplastique » d’un milieu particulier, que le moine catholique des belles régions tempérées de l’Italie et le lama kalmouk, sur les hauts plateaux froids de l’Asie centrale, sembleraient être des frères de race ; des photographies prises des uns et des autres permettraient de les confondre. Et s’il est vrai que dans certains districts isolés, tels que les monts du centre de la France, on voie encore les restes de populations