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que les Européens occidentaux ont pour frères les Alfourou de l’Insulinde, fuyards ou coupeurs de têtes qui vivent dans les bois, tandis que si l’on considère le langage comme l’indice déterminant, il faut compter dans la race privilégiée tous les peuples asservis qui ont dû apprendre le parler des vainqueurs ; pour être logique, il faudrait y ajouter aussi les fils des esclaves de Saint-Domingue. Enfin, si l’on classe les hommes d’après la forme du crâne ou d’après la section des cheveux, les groupements humains se constituent d’une autre manière, mais toujours avec les juxtapositions les plus bizarres. Et les alliances, les croisements de toute espèce, accomplis de gré ou de force, en commerce pacifique ou en temps de guerre et de conquête, combien n’ont-ils pas modifié à l’infini les éléments premiers de ce que l’on appelle maintenant une race et qui est en réalité un simple groupement local et temporaire ! Bref, quoi qu’il en coûte à l’orgueil humain d’avouer son ignorance et que l’affirmation précise soit un besoin de notre nature, les classifications actuelles en races et en sous-races humaines doivent être considérées comme n’ayant qu’une valeur transitoire, proportionnelle aux études de détail provoquées par elles. Aucun fait ne justifie les anthropologistes à revendiquer pour leur propre famille ethnique le privilège d’être en tout ou