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l’hérédité, ici ou partout ailleurs, intervient comme un facteur important, sans nul doute, mais de nature secondaire : elle ne fait que perpétuer l’action défavorable du milieu sur une série de générations consécutives, en consolidant, au moyen de la transmission héréditaire, les caractères acquis par un ancêtre éloigné.

A. de Candolle et le Dr P. Jacoby ont publié naguère, mais dans un autre ordre d’idées, des travaux importants sur l’hérédité dans ses rapports naturels avec la sélection chez l’homme. Malgré ma profonde estime pour la science et le talent de leurs auteurs, je dois cependant signaler le peu de méthode scientifique qui préside aux recherches relatives à cette grave question : chaque fois que l’on voit un caractère ou un ensemble de caractères transmis de père en fils pendant quelques générations, on conclut à l’hérédité ; mais il arrive le plus souvent que le fils, placé dans les conditions sociales, locales et autres où se trouvait déjà son père, aurait pu, tout aussi bien, acquérir ce caractère par l’influence directe du milieu. Le fils d’un savant embrasse une carrière scientifique ; le fils de son cocher reste cocher ; le fils d’un voleur condamné se laisse renfermer pour vol. Il se peut que chacun des trois ait reçu de ses parents quelque aptitude spécifique ; mais, de par leur naissance seule, ils se trouvaient placés dans des conditions où le milieu surtout déterminait leur destinée. Ce n’est certainement pas ce procédé qui permettra un jour de faire