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n’est pas de ceux qui saisiront d’emblée l’attention du public ; je sais qu’il n’aura point le succès d’un conte drolatique ou d’un roman, mais je sais aussi que ce livre marque une date dans l’histoire de la science et qu’il restera.

La vie de Metchnikoff, si agitée par les événements et si bien remplie par le travail, l’avait préparé à des œuvres qui malheureusement durent s’achever d’une manière partielle et fragmentaire. Par ses études de toute espèce, par ses expériences et ses observations poursuivies en tant de pays divers, par son extraordinaire puissance de labeur, par l’âpre et fiévreuse ténacité du vouloir qu’il apportait à sa besogne, il avait amassé d’énormes matériaux que la lutte journalière de l’existence ne lui permit pas d’élaborer en entier. C’est ainsi que l’ouvrage auquel je mets pieusement la dernière main constituait dans la pensée de l’auteur un simple chapitre d’une grande synthèse de philosophie sociale, Bien qu’il offre, sous un faible volume, un tout aux proportions pondérées, cependant il devait faire partie d’un ensemble plus vaste où les questions d’avenir auraient été traitées après celles de la race, du milieu et des progrès accomplis par les nations. Dans les rares moments d’abandon et de douce sérénité que lui laissa la maladie, derniers et charmants rayons du jour qui s’éteignait, il nous entretenait du livre qui s’écrivait alors dans les